mardi 28 novembre 2006











Les routes du marronnage


La réflexion de la semaine, à méditer par tous les amis d’Africolor

« Je voudrais alors me tourner vers les militants du devoir de mémoire et leur dire : il existe assurément un devoir de justice et un devoir d’histoire, et je suis prêt à m’accorder avec vous à leur propos. Mais toute votre énergie me semble absorbée par l’exaltation de la mémoire et la contemplation du passé. Détournez-en, ne serait-ce qu’une partie, vers les malheurs du présent. Pour prendre un exemple qui me tient à cœur, à l’heure où nous parlons, des centaines de personnes dont le seul crime est d’être là sont enfermées dans les centres de rétention et les zones d’attente de notre pays ; et des policiers vont interpeller leurs enfants dans les écoles pour les expulser en même temps qu’eux. Nous faudra-t-il encore quarante ans pour découvrir leur sort ? Prétendrons-nous alors que ce sort a été l’objet d’un processus d’occultation ? »
Emmanuel Terray in Face aux abus de mémoire, Actes Sud

Côté musique…L’ouverture du festival vendredi 24 novembre avec Titi Robin, Danyel Waro et leurs complices a été particulièrement impressionnante : une vraie rencontre comme on la rêvait (humaine et musicale) devant la salle du Cap à Aulnay qui affichait complet. Un premier concert prometteur : le dimanche 3 décembre, pour son retour, « Michto Maloya » devrait mettre le Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis à genoux.


Quant aux autres artistes invités cette semaine pour Africolor, ils empruntent les routes du marronnage musical. En battant le rythme, ils marquent le temps d’un quotidien immuable qui pourtant ne cesse de se recréer.

Sibiri Samaké réinvente chaque jour un monde symbolique. Un univers magique où la nature a un droit de vie et de mort. Chaque geste a un sens, chaque action est précédée d’un rituel. Le « chasseur » malien peut influencer le déroulement de la journée, attirer les esprits bienfaisants et repousser les maléfices avec sa harpe dozon n’goni. Ce monde est-il en train de disparaître ? Pas pour le tambourinaire mandingue Séga Sidibé, qui après avoir récolté les musiques et les danses des différentes ethnies du Mali, a fondé l’Académie de percussions et de danses traditionnelles du Carrefour des jeunes, qui reçoit la visite de nombreux français et européens intéressés par la pratique du djembé. Un pied de nez à la fermeture des frontières économiques et culturelles.
Sibiri Samaké, Sega Sidibé : Mercredi 29 novembre, 20h30,
Le Pré-Saint-Gervais, Ecole municipale de musique

Il existe de multiples façons de perpétuer une tradition, sans pour autant tomber dans la glorification d’un passé mythifié. Eminemment « moderne », Tcheka a transposé le rythme du batuque sur la guitare, loin des coladeras et mornas de Cesaria Evora, proche des esclaves de l’île de Santiago, la plus africaine des îles du Cap-Vert. La guitare se fait percussive pour mieux restituer la mélodie du batuque.
Tcheka : Jeudi 30 novembre, 20h30,
Epinay-sur-Seine, Pôle Musical d’Orgemont


Dans le quotidien des mornes de Martinique, Les Maîtres du Bèlè tirent de leurs tambours l’énergie vitale, la joie de vivre et la force d’affronter le labeur, loin du cynisme ambiant. Ces « Vieux Nègres » qui se réunissent à la veillée possèdent une verdeur salutaire et construisent de leurs doigts et de leurs voix un monde à eux qui les protègent, une façon de vivre chargée de sens et de symboles.
Les maîtres du Bèlè de Sainte-Marie invitent Dédé Saint-Prix
Vendredi
1er décembre, 20h30, Saint-Denis, Théâtre Gérard Philipe
A 19h, Veillée Guadeloupéenne avec Sòmnanbil et l’association Bay LanMen dans le cadre des Nuits du Vendredi de la Ville de Saint-Denis.


Si la plupart du temps, les musiques du monde viennent d’ailleurs, cet ailleurs est parfois très proche de nous. C’est le cas de l’orchestre arabo-andalou El Mawsili ancré depuis quinze ans à Saint-Denis. Cette soirée est emblématique de l’action d’Africolor en Seine Saint-Denis, département où la diversité culturelle n’est plus à prouver.
Samedi 2 décembre, 20h30, Saint-Denis, Théâtre Gérard Philipe

Le même soir au Bourget, destination de Mayotte avec deux artistes qui marronnent les sons de l’océan indien. M’Toro Chamou sait trouver les mélodies pour chanter l’amour, le désarroi, l’espoir d’une porte qui s’ouvre sur le monde et Mikidache tisse une musique sans complexes, qui emprunte à tous les patrimoines, un peu comme la culture de son pays, culture qui s’abreuve à toutes les civilisations.
Samedi 2 décembre, 20h30, Le Bourget, le Mille Club

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